Les huiles essentielles en milieu hospitalier

Infirmière en cancérologie dans le secteur stérile depuis plus de 30 ans, Catherine Maranzana a commencé à intégrer les HE dans sa pratique depuis 2009, investissant dans un premier temps dans ses fonds propres.  La rigueur de ses protocoles, le sérieux de sa démarche et l’accueil des patients ont petit à petit su convaincre ses collègues et le corps médical, en ce compris les autres services.  Plusieurs fois primée pour son travail en aromathérapie scientifique clinique en milieu hospitalier (dont le prestigieux prix annuel de la Fondation Gattefossé en 2015), le travail de Catherine Maranzana fait l’objet d’un livre, Au Cœur des Essences, écrit par Sonia Blondeau et publié au Dauphin Blanc.

Rencontre.
Comment avez-vous commencé à utiliser les huiles essentielles ?
L’odeur dans les hôpitaux, et à plus forte raison en service de cancérologie, ne favorise pas, pour ainsi dire, une sensation de bien-être. Nous avions coutume d’utiliser du papier d’Arménie mais la diffusion d’essence de Citron s’est révélée beaucoup plus agréable, et fait l’unanimité auprès des patients. Enthousiaste, je me suis ensuite intéressée au pouvoir des HE pour apaiser les maux du quotidien comme les nausées, les petites plaies ou encore le stress avant d’étendre, au fur et à mesure les protocoles, intéressant d’autres services comme la gériatrie.
Quelle a été la réaction du personnel de l’hôpital ?
Mes collègues ont témoigné beaucoup d’intérêt pour mes démarches, jusqu’à se former eux-mêmes aux huiles essentielles. 30 services utilisent aujourd’hui l’aromathérapie. Les médecins aussi témoignent de plus en plus d’intérêt, intégrant ces protocoles qui permettent d’humaniser les soins en apportant de la nature donc de la vie dans les chambres. L’aromathérapie est également très bien accueillie par les patients qui voient son arrivée comme une bouffée d’oxygène face à la sensation de saturation des médicaments et comme une libération en cas d’impasse thérapeutique.
Quel est votre usage de prédilection ?
L’application cutanée représente 80% de notre usage des huiles essentielles parce qu’il procure le triple bénéfice de détendre par le geste, de soulager par les principes actifs et d’agir sur l’émotionnel grâce à l’odeur. Les neuroradiologues observent d’ailleurs une nette amélioration des clichés pris sur des patients dont le stress s’est vu diminuer grâce aux HE. Les psychiatres, quant à eux,  affectionnent plutôt l’aspect olfactif des HE qui permet de cibler certains symptômes malgré la diversité des patients et des histoires.
Quelles sont vos huiles fétiches ?
L’HE de Lavande bien sûr, associée à l’Essence d’Orange et à l’HE de Camomille Noble qui constituent un mélange sûr aux vertus anti-stress et bien-être avérées, d’une grande utilité dans tous les services confondus. Nous utilisons également l’Essence de Citron, et les HE de Gingembre et de Menthe Poivrée pour la digestion, ainsi que l’HE de Laurier Noble pour contrer la douleur et d’Hélichryse italienne contre les hématomes. L’HE de Petit grain Bigarade est particulièrement prisée par les Seniors qui en apprécient l’odeur. Pourtant, on évitera d’utiliser une HE seule pour éviter l’association de son odeur avec le milieu hospitalier et par conséquent le marquage olfactif négatif de l’HE dans l’esprit des patients.
Quelles sont les limites à vos pratiques ?
De nombreuses personnes utilisent déjà la phytothérapie sans en parler à leur médecin, ce qui peut être problématique. La démonstration d’ouverture du corps médical en la matière permet de délier les langues et d’éviter ces dérives. Aujourd’hui, 80% des personnes qui utilisent l’aromathérapie à l’hôpital continuent chez eux. Une belle avancée qui a ses limites : Catherine Maranzana n’est pas partisane de la vulgarisation à outrance qui peut avoir ses dérives et préférera les produits prêts à l’emploi pour le grand public, si tant est que la marque fournisse des assurances sur la qualité de ses produits.

Au Cœur des Essences.
Lorsque les huiles essentielles s’invitent en milieu hospitalier,
Sonia Blondeau, éd Le Dauphin Blanc, 2018
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